Le manifeste de REFONDATION

 

1 – Ce qui fonde notre vision du monde :

a- Nous croyons que la personne s’épanouit dans ses liens avec les autres, et non dans l’individualisme, l’égoïsme et la solitude du « chacun son projet dans son coin ». Notre premier but politique est de mettre en œuvre une culture de la rencontre et de la citoyenneté active, de retisser des liens partout, des amitiés, des lieux fraternels et de convivialité.

b- Tout au long de sa vie, chaque personne prend conscience des limites de son corps et de son existence et doit pouvoir apprendre à résister à l’esprit de toute puissance et de domination. Nous espérons que son désir le plus profond est d’être juste, d’aimer et de pouvoir donner, d’être reconnue par son entourage et de partager la joie d’être ensemble. La loi doit ainsi rester un cadre de confiance pour que nous vivions en paix et en justice, et non une inflation de contrats et de commandements pour réguler les seuls égoïsmes ou les désirs individuels contradictoires.

c- Cette vision de la vie en société est fondée sur la confiance vécue comme une expérience quotidienne. Chaque personne doit pouvoir mettre en œuvre, à son niveau et dans le tissu de ses relations de tous les jours, les voies de son épanouissement en lien avec sa famille et sa communauté plus large. Imposer de manière excessive et parfois arbitraire des comportements ou une vision du bien de manière verticale par des normes et des injonctions est illusoire et dangereux car cela brise l’esprit d’engagement et de responsabilité. Les lois, les normes et les règles sont nécessaires si elles se fondent sur une décence commune et une profonde culture démocratique. L’émergence d’une conscience citoyenne partagée, fondée sur le témoignage du service et de l’engagement, est le cœur du ressort républicain.

d- Il faut cependant veiller à protéger les personnes de ceux qui choisissent la violence, l’injustice et la domination. L’état, les instances éducatives et de médiation, les responsables publics, par leurs engagements et leurs paroles, doivent favoriser une prise de conscience des conséquences de ces actes, susciter des démarches de réconciliation et de réparation. Il y a là un immense chantier éducatif de transmission et de sens.

e- L’action politique doit viser la paix avec réalisme, dans une démarche conjurant la violence par le dialogue, l’échange et le respect, en vue de structurer le sens du devoir, l’insertion de tous dans le tissu social, et la fraternité.

f- L’action politique doit s’orienter en priorité vers les plus vulnérables. Au-delà de l’essentiel impératif de justice, c’est dans le souci du plus faible et dans la confrontation concrète à la fragilité que chacun donne le meilleur de soi. La justice et la paix, et non la performance, sont la fin de l’action politique. Ce principe vaut aussi pour le monde du travail et de l’économie.

g- Cette option ne nuit pas à la créativité individuelle ni à l’esprit d’innovation. Être assuré que l’on prendra soin de soi à tous les stades de la vie permet de se projeter durablement, de s’engager en prenant des risques intelligents et responsables.

 

 

2 – Ce qui fonde notre diagnostic politique :

a- L’organisation politique de notre pays laisse de plus en plus les individus atomisés, seuls et sans contre-pouvoir face à un État technocratique allié à des forces économiques, financières et désormais digitales de plus en plus concentrées, qui serait chargé de gérer leur vie, leur pensée et de canaliser leurs pulsions. C’est une impasse. Les liens doivent se structurer dans la subsidiarité, au plus près de soi, au sein d’institutions bonnes et de corps intermédiaires, lieu de construction de l’intelligence collective et qui sont la mémoire de l’expérience du bien de ceux qui nous ont précédés.

b- Nous croyons que la Terre est suffisamment accueillante pour assurer la nourriture et la coexistence pacifique des humains sans que le bonheur des uns doive se faire au détriment des autres ou de l’équilibre entre les espèces vivantes qui devraient, d’une manière ou d’une autre, en payer le prix.Par conséquent, en aucun cas la recherche de son propre bien-être ne saurait justifier le sacrifice d’autres personnes ou de notre environnement, sa diversité et sa capacité de régénération.

c- La société de surconsommation est une forme d’avidité : si « le monde peut nourrir la faim de tous, il ne peut pas nourrir la cupidité de tous » (Gandhi). Elle est une servitude, tant pour le consommateur prisonnier de la démesure de ses désirs, que pour les personnes exploitées pour produire, premières victimes des déséquilibres économiques et des rapports de domination.

d- La surconsommation repose sur une culture du déchet et une utilisation excessive des énergies fossiles qui engendre une « sur-carbonation » intenable pour les espèces vivantes de notre planète. C’est l’origine d’un réchauffement climatique inédit, source de déséquilibres majeurs et de violence, et qui menace l’existence de millions d’espèces vivantes et désormais de notre humanité.

e- Pour y remédier, il est urgent de ralentir et mettre en œuvre une décroissance coordonnée de la consommation, tant des énergies fossiles que des ressources fragiles ou polluantes. Ce mouvement n’entame en rien les nombreuses opportunités d’échanges de biens et de services pour rendre l’existence plus douce, plus belle et enthousiasmante, passant par la réciprocité à tous les niveaux. Mais elle implique un changement radical de nos modes de vie, de nos technologies et des règles des échanges internationaux.

f- Le goût d’une plus grande simplicité est de ce fait incontournable. C’est aussi un des fondements de la rencontre, notamment avec les plus vulnérables. Dans le champ politique, cela commence par la remise en cause du piège de certains attributs du pouvoir grisants, coûteux et inutiles.

g- L’écologie est une école de la patience, de la mesure et du lien. Pour être cohérente et efficace, elle doit viser le consensus équilibré sur le juste niveau d’utilisation de la technique dans les champs de l’environnement, des rapports sociaux et de la biologie humaine, afin de permettre la préservation de la beauté, la capacité de régénération de la nature et la dignité de tous.

 

 

3 – Ce qui fonde notre manière d’agir en politique :

a- Face aux insécurités économiques, culturelles ou identitaires, notre devoir est d’initier des mouvements, de porter des messages, celui en particulier qu’un monde meilleur est possible, de se mettre au service et non de conquérir des places ou des espaces. Agir dans Refondation implique l’abandon de tout goût de pouvoir, contraire au sens même de notre projet, par les moyens d’une vigilance collective instituée. Les refondateurs s’engagent dans un esprit de service et d’exemplarité.

b- L’unité est plus importante que les conflits. La paix repose sur la volonté constante de résoudre les conflits par la voie prioritaire de la non-violence et de la médiation. C’est l’objet par excellence de l’action politique. Mais elle ne doit pas être naïve et nier les rapports de force inégaux ou de domination, qui sont à renverser.

c- Le réel est supérieur à l’idée que l’on s’en fait. Il est donc essentiel de partir de la réalité telle qu’elle se dévoile et d’étudier collectivement et sans a priori tous les impacts des actions politiques pour veiller à ce que chacun puisse trouver sa juste place dans le tissu social. Toute démarche idéologique est contraire à notre vision visant à ancrer des principes dans le réel avec patience, écoute et lucidité.

d- Il existe une tension entre le fait d’être enraciné dans un territoire, une culture, une génération, et d’être en même temps citoyens d’une « maison commune ». Pour être féconde, cette tension doit être surmontée en élargissant collectivement notre horizon, en regardant plus loin que nos simples intérêts particuliers.

e- Ces fondements doivent être partagés pour pouvoir viser collectivement un Bien Commun mais ils ne sont pas l’assurance de solutions toutes faites. Par nature, l’action politique est limitée et imparfaite. Des fondements partagés peuvent conduire, selon les sensibilités, à des analyses ou des priorités différentes voire, en apparence, contradictoires. Cette pluralité doit être vécue avec humilité, bienveillance et dans un esprit de service. Le monde est complexe, personne ni aucun groupe n’en détient seul la clé de compréhension globale. Refondation est un mouvement ouvert, accueillant la contribution de chacun et qui souhaite partager sa démarche avec tous ceux qui veulent construire un projet de société plus humain.

 

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